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Orly, c' est bientôt fini...

Publié le par Florent P.

 

 





























Drôle de moment où émotion, nostalgie, souvenirs se bousculent.

 

         Aujourd'hui, et le milieu de semaine prochaine, sont des jours que je redoutais depuis fort longtemps, à vrai dire depuis que je suis rentré dans ce bureau, en novembre 2006… un bureau doté d' une vue exceptionnelle et d' un environnement sonore tout aussi exceptionnel, même ceux qui bossent avec vue sur le périph parisien n' ont pas la chance que j' avais. Pourtant, il y a du bruit, mais pas le même que celui des voitures, motos et camions.

 

         De ce bureau, je voyais les lapins gambader par dizaines dans la verte pelouse parsemée de terriers.  Les pies et autres volatiles frôlaient le bâtiment, attaque en piqué sur la pelouse, pour réaliser un atterrissage de précision.

De ce bureau, j'avais le lever de soleil, sur un aéroport, Orly. Je pouvais voir la beauté du ciel de tous les jours, et surtout je voyais nos beaux petits monstres s'en aller vers de plus ou moins lointaines contrées, vers de nouvelles rencontres, de nouvelles histoires…

 

         Cela fait quatre courtes années que j'œuvre sur ce terrain, tout d' abord à la gestion du parc automobile, et aux affectations des missions transports. Puis, en novembre 2006, j'ai rejoint l'équipe du pôle "données aéronautiques et statistiques de trafic". La mission qui me fut confiée concernait le fret aérien, avionné comme camionné.  J'ai tant appris avec mes tuteurs Evelyne et Fabrice.

 

         Je me suis rendu quelques dizaines de fois entre les avions d'Orly ou Roissy, sur les pistes, taxiways. J'ai sillonné des centaines de fois les aérogares Sud et Ouest d' Orly.

 

         En quatre ans, j'ai vu Orly sous la neige, le vent, la pluie, la chaleur…

J'ai participé à quelques pavillons d'honneurs sous certaines météos pour le moins peu courantes, notamment la fois où, pour je ne sais plus qui, la Jordanie peut être, l'aéroport avait été rouvert juste pour l'atterrissage du 340 présidentiel. Il neigeait, il ventait, la température ressentie était bien en dessous du -5°C, et nous étions en costume cravate, pas de manteaux, les gardes républicains en tenue d'apparat.

 

         Le vent était si fort que l'avion s'est rendu directement à son point de stationnement.

Toutes les personnes présentes au pavillon d'honneur ont couru tant bien que mal pour aller face à Orly Sud pour arriver avant l'avion, un joyeux cirque, ponctué de nombreuses chutes sur un sol très glissant. Les passagers présents dans les aérogares ont dû bien rire et ainsi oublier, ne serait ce qu'un instant, leurs soucis.

 

         En quatre années, j'ai pu découvrir une infime partie de ce bel aéroport, jamais je ne le connaîtrais entièrement.

 

 

         J'ai noué quelques amitiés ici à Orly, Léa, les deux Alain, Evelyne, Philippe, Hervé, Eric… des personnes qui m'ont tant apporté …

A Orly j'ai eu quelques Rascols, avec  Baptiste, Ryad, Michel, des moments inoubliables. De la tour de contrôle au cockpit du 320, en passant par les aérogares que de beaux lieux de rascols n'est ce pas?

 

         J'ai croisé tant de personnes et de cultures sur cette porte vers les diverses contrées. Ne serait ce qu'une poignée de minutes à l'enregistrement d'Orly Sud et l'on côtoie divers pays, d'Afrique, des Amériques, de l'Asie, ou d'Europe. Orly est un village par rapport à Roissy.

 

         J'ai vu tant d'avions, des avions civils, militaires, monuments d'histoire comme le superbe DC3, le Catalina et le B 17, les Alphajet de la Patrouille de France, les L39 Breitling, récemment un Atlantique 2…

 

         Quelques images me resteront gravées, comme ce 747 400, qui desservait les Antilles en finale sur la 24, les 777 300ER sur la 24 aussi. Il y a eu, un jour de fort vent, un 747 400 de Corsair en courte finale 02 pile au dessus du centre commercial d'Athis Mons, très impressionnant,  ça ressemble un peu aux photos de la finale de Los Angeles. Lorsque les avions se posent en 24, on les entend arriver, on regarde dehors, et on admire les beaux oiseaux passer.

 

         Il y a eu les déneigements des pistes, à Orly, au matin, de nuit, avec pour seule vue des centaines de balises lumineuses, de gyrophares, de feux à éclats… je m'occupais de l'intendance neige, je devais fournir les plateaux repas aux conducteurs qui œuvraient au milieu des pistes. D' un côté les conducteurs étaient épuisés et le faisaient savoir, d'un autre côté les passagers et personnels de l'aérogare râlaient car je passais par les ascenseurs publics, avec deux  rolls de 40 plateaux repas chacun (les monte charge étaient en panne).

 

 

         Autre souvenir mémorable, pourtant peu heureux, le départ des familles de victimes de l'accident de la West caribean, le MD82 au Venezuela. Le vol avait été avancé de 4h au dernier moment, et une très grande rapidité de réaction avait nécessaire pour environ 50 personnes pour permettre aux familles (400 personnes), de se recueillir avant d'aller aux Antilles, un très dur moment, même si l'on était content d'avoir été à la hauteur pour ces familles si tristes. Nous avions reçu à cette occasion un petit mail de félicitations de la part de la direction d'Orly.

         J'au vu de nombreux avions gouvernementaux, royaux ou présidentiels, Arabie Saoudite, Jordanie, Japon, USA, Oman, Egypte, Israël, Allemagne, Espagne, Equateur, Lybie…

 

 

         Je garde en mémoire le sourire des passagers lorsque nous les renseignions le plus simplement possible, le plus gentiment possible, alors que nous étions débordés, ou épuisés, comme en période neige.

 

         J'ai aussi quelques mauvais moments ici, notamment quelques soucis de santé bien douloureux,  quelques coups de gueule aussi, lors du déneigement des pistes. Mais je préfère oublier ces petits désagréments, pour conserver le meilleur

 

         D'ici quelques jours, je vais éteindre cet ordinateur, une dernière fois, je vais remonter les trois stores. Puis je quitterais ce siège, pour aller fermer cette porte, une dernière fois.

         Je remettrais mes deux badges rouges, pour les champs d'aviation d'Orly et de Roissy, au correspondant sûreté. Sans doute le plus dur, car c'est le sésame pour accéder au monde merveilleux de la piste… toutefois, je souhaite conserver le tour de cou, siglé Aéroports de Paris, logo blanc sur fond bleu avec une bordure orange. Un tour de cou qui me suit depuis 2 ans et demi, enroulé autour des badges où arboré fièrement lorsque j'allais en aérogare.

 

         Je déposerais la clé puis je remercierais mon tuteur pour tout ce qu'il m'a apprit, et je m'en irais…

 

         J'écouterais une dernière fois ce doux rugissement de réacteurs entrain de propulser quelques beaux oiseaux vers l'Azur. Je quitterais cette zone d'Orlytech et cet aéroport.

         Je ne serais plus un "adpien". Je serais un passager lambda, un passager qui connait bien cet aéroport, mais je n'irais plus dans les zones réservées, ou du moins, plus de la même façon.

 

         Ce sera fini la météo en direct d'Orly, les photos de 777 300 ER au décollage.

Ce sera fini aussi les questions qui fusaient à travers le couloir, surtout entre ceux qui ont la même vue que  j'avais. Des questions du genre " c'est moi qui délire où il y a un 737 800 de la KLM qui vient de passer en courte finale?" ou "y'a un 777 qui arrive en crabe, tous aux fenêtres!!", genres de discours que l'on entend bien peu ailleurs.

Ce sera fini les fois où je voyais les petits monstres partir vers de plus ou moins lointaines contrées.

 

         Puis quelques semaines plus tard, le 20 août pour être précis, je quitterais, définitivement sans doute, la ville de Massy, pour redescendre dans mon secteur Pictave natal avant de partir vers Toulouse, et l'Ecole Nationale de l'Aviation Civile.

Je quitterais donc les colibris parisiens, pour rejoindre ceux du sud ouest.

 

         Ici s'achève quatre années passionnantes. Je pars quelques mois pour mieux revenir après, à Orly, Roissy ou ailleurs, dans l'aéroportuaire, près des avions, près des PN, près des passagers, bref, près de ma passion.

 

Antoine de Saint Exupéry a écrit:

 

"Fais de ta vie un rêve, et d'un rêve une réalité"

 


 

 














 

 

 

 

 

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